Zusammenfassung des Urteils ACJC/1625/2020: Cour civile
Der Fall betrifft eine Auseinandersetzung zwischen Herrn A und der Firma B SA vor dem Genfer Kantonsgericht. Die Firma B SA beschäftigt sich mit Vermögensverwaltung und hatte Herrn A als Verwaltungsrat. Es ging um die Frage der Dividendenausschüttung, der Geschäftsmodelle der Firma und möglicher Interessenkonflikte. Herr A beantragte die Einsetzung eines unabhängigen Experten, um die Situation zu klären. Das Gericht entschied teilweise zugunsten von Herrn A und ordnete die Einsetzung des Experten an. Die Gerichtskosten werden zwischen den Parteien geteilt.
Kanton: | GE |
Fallnummer: | ACJC/1625/2020 |
Instanz: | Cour civile |
Abteilung: | - |
Datum: | 17.11.2020 |
Rechtskraft: | - |
Leitsatz/Stichwort: | - |
Schlagwörter : | Selon; Monsieur; Cette; Chambre; Aucun; Laugmentation; -verbal; -prestation; Commentaire; -concurrence; Condamne; Entre; Lassembl; Toutes; LEFin; -t-il; -actions; Avant; Chenaux/; Gachet; Peter/; Cavadini; Celle-ci; Enfin; Associ; Conform; Autorise; Laurent; RIEBEN |
Rechtsnorm: | - |
Referenz BGE: | - |
Kommentar: | - |
En fait En droit Par ces motifs
Entre
Monsieur A__, domicili __, France, requ rant, comparant par Me Daniel Zappelli, avocat, rue Fran ois-Bellot 4, 1206 Gen ve, en l tude duquel il fait lection de domicile
et
B__ SA, sise __ [GE], cit e, comparant par Me Lukas van Dobben, avocat, passage des Lions 6, case postale 5633, 1211 Gen ve 11, en l tude duquel elle fait lection de domicile. < < EN FAIT A. a. B__ SA a comme but social "la gestion de fortune, conseil en investissement, assistance en management et organisation du patrimoine, aide la structuration de financements, interm diation et courtage". Son capital social est de 100000 fr. divis en 100 actions nominatives de 1000 fr.
Ses administrateurs actuels sont E__ (administrateur pr sident), F__ et G__.
A__ a t administrateur de B__ SA de juin 2016 juin 2018.
Les actionnaires de la soci t sont E__ hauteur de 29 actions, F__ (42 actions) et A__ (29 actions).
b. B__ SA all gue que son mod le daffaires consiste favoriser la collaboration de g rants de fortune ind pendants au moyen dune structure propre leur permettant notamment de mutualiser leurs charges, de promouvoir leurs valeurs communes et de limiter leur responsabilit civile. Les actionnaires de la soci t sont ainsi tenus d tre op rationnellement actifs et de si ger au conseil dadministration de la soci t . Chaque g rant de fortune est r mun r sur la base de son chiffre daffaires personnel, sous d duction de sa contribution aux charges communes.
A__ conteste ce qui pr c de.
c. B__ SA na jamais vers de dividende ses actionnaires.
d. A__, qui exerce la profession de gestionnaire de fortune, est, depuis mai 2008, administrateur pr sident de la soci t H__ SA active dans le domaine de la gestion de fortune.
En juin 2016, il a rejoint B__ SA, sans pour autant renoncer son activit aupr s de H__ SA. Il est ainsi devenu actionnaire, employ et administrateur de B__ SA.
En mars 2018, A__ a d cid de d missionner de ses fonctions dadministrateur et demploy de B__ SA.
e. Entre mars et avril 2018, E__, F__ et A__ ont chang s plusieurs courriels en vue du rachat des actions de ce dernier par les deux actionnaires restants. Aucun accord na cependant pu tre trouv entre les pr cit s.
Il ressort de ces courriels que A__ touchait, au titre dindemnit s dadministrateur, les revenus g n r s par ses clients et sacquittait dune participation aux frais de la soci t .
f. Le __ 2019, I__ SA, ayant pour but social notamment "la gestion de fortune, le conseil en investissement, lassistance en management et organisation du patrimoine, laide la structuration de financements, linterm diation et le courtage", a t inscrite au Registre du commerce de Gen ve. Son capital social est de 100000 fr., divis en 1000 actions nominatives li es de 100 fr.
Son si ge se trouve c/o B__ SA.
Ses administrateurs sont E__ (administrateur pr sident), F__, G__, J__, K__, L__ et M__.
B__ SA a indiqu que cette soci t a t constitu e pour permettre lentr e de nouveaux gestionnaires de fortune, rendue impossible par le refus de A__ de c der ses parts aux autres actionnaires et le conflit en d coulant.
g. Le chiffre daffaires de B__ SA a volu de la mani re suivante depuis 2016 : 1374636 fr. 08 en 2016, 1323201 fr. 63 en 2017, 1079180 fr. 02 en 2018 et 1479889 fr. 68 en 2019.
Les montants des honoraires dadministrateurs vers s ont t les suivants : 270051 fr. en 2016, 264838 fr. 06 en 2017, 251468 fr. en 2018 et 385600 fr. en 2019.
Le r sultat dexploitation de la soci t a t le suivant : un b n fice de 26552 fr. en 2016, de 8788 fr. 63 en 2017, une perte de 46777 fr. 26 en 2018 et de 266117 fr. 48 en 2019.
L volution des fonds propres de la soci t a t la suivante : 620044 fr. 88 en 2016, 628833 fr. 51 en 2017, 582055 fr. 08 en 2018 et 315937 fr, 60 en 2019.
h. Par convocation du 8 mai 2020, B__ SA a inform ses actionnaires que lassembl e g n rale ordinaire de la soci t tait fix e au 3 juin 2020. Du fait de la crise sanitaire, et en application de lart. 6b de lOrdonnance 2 sur les mesures destin es lutter contre le COVID-19 ( RS 818.101.24 ), il avait t renonc tenir une assembl e g n rale en pr sence des actionnaires. Leurs droits sexerceraient par crit, via un formulaire de vote, lequel devait tre r ceptionn par la soci t au plus tard le mardi 2 juin 2020.
Etaient joints la convocation les bilans et comptes de pertes et profits pour lann e 2019, la proposition daffectation du r sultat de lexercice et le rapport du r viseur pour la m me ann e, ainsi quun formulaire de vote.
i. Par courrier du 19 mai 2020, A__ a fait savoir B__ SA quil estimait que cette fa on de proc der ne respectait pas le droit aux renseignements des actionnaires et a sollicit la convocation dune nouvelle assembl e g n rale en pr sence des actionnaires post rieurement au 30 juin 2020.
Dans lhypoth se o B__ SA ne souhaitait pas d f rer cette requ te, A__ proposait lorganisation dune visioconf rence lors de laquelle le conseil dadministration et lorgane de r vision fourniraient des informations sur les questions suivantes :
- Tous renseignements sur la cr ation et lactivit de I__ SA et fourniture dune garantie selon laquelle il ny avait aucun transfert dactivit de B__ SA vers I__ SA qui serait pr judiciable aux int r ts de la premi re et de ses actionnaires.
- Tous renseignements sur les raisons des augmentations de salaire, honoraires dadministrateurs et commissions dapporteurs figurant au bilan 2019.
Sous r serve des r ponses donn es sa demande de renseignements, A__ requ rait linscription lordre du jour de linstitution dun contr le sp cial au sens de lart. 697a CO concernant les augmentations de salaires, honoraires et commissions pr cit es et le lien entre B__ SA et I__ SA.
j. Le 29 mai 2020, B__ SA a indiqu que la proc dure crite adopt e pour lassembl e g n rale 2020 tait conforme la loi, ce qui excluait la tenue dune visioconf rence. Elle r pondait d s lors par crit la demande de renseignement de A__ de la mani re suivante :
- La demande de renseignements relative lactivit dune soci t tierce nentrait pas dans le champ de lart. 697 CO, de sorte quil ne pouvait y tre donn suite.
- Laugmentation des salaires tait caus e par lengagement, conform ment la politique de d veloppement de la soci t , dun charg de relations entre ao t 2018 et ao t 2019 pour un co t de lordre de 100000 fr. et dune g rante senior, charg e de d veloppement d s janvier 2019, pour un salaire annuel de 60000 fr. Un l ve de [la Haute cole] N__ avait en outre t engag temps partiel pour une charge de 12000 fr.
- La hausse de la r mun ration des administrateurs correspondait la norme et l volution constatable depuis le d but des ann es 2000 au sein de B__ SA.
- La hausse des commissions dapporteurs daffaires r sultait de la hausse de 37% du chiffre daffaires, correspondant environ 400000 fr., dont 200000 fr. avaient t r troc d s aux nouveaux apporteurs daffaires. La diff rence de lordre de 40000 fr. r sultait du paiement de r trocessions suppl mentaires li es aux commissions de "superperformance" en 2019.
B__ SA estimait d s lors que linstitution dun contr le sp cial n tait pas fond e. En tout tat, aucun nouvel objet ne pouvait tre inscrit lordre du jour plus de vingt jours apr s la convocation lassembl e g n rale ordinaire et une semaine avant sa tenue.
k. Par courrier du 2 juin 2020, envoy le jour m me par courriel et pli simple, A__ a r pondu que B__ SA navait pas fourni les renseignements demand s sur I__ SA. Les honoraires dadministrateurs ne correspondaient en outre pas la norme et ne suivaient pas l volution constatable depuis le d but des ann es 2000.
Il r it rait sa demande de renseignements sur ces deux points, sollicitait le report de lassembl e g n rale ou sa tenue par visioconf rence et r p tait sa demande dinscrire linstitution dun contr le sp cial lordre du jour.
l. Lassembl e g n rale de B__ SA sest tenue le 3 juin 2020 au si ge de la soci t en pr sence de E__ et de G__. Toutes les actions taient repr sent es par linterm diaire des formulaires de vote.
Les propositions du conseil dadministration sur les points port s lordre du jour, savoir approbation des comptes 2019, d charge aux membres du conseil dadministration, affectation du r sultat de lexercice 2019 et r lection des membres du conseil dadministration et de lorgane de r vision ont t approuv es la majorit des voix.
m. Copie du proc s-verbal de lassembl e g n rale du 3 juin 2020 a t transmise A__ le 10 juin 2020 par courriel.
n. Le 17 juin 2020, B__ SA a r pondu au courrier de A__ du 2 juin 2020. Elle a relev que la requ te de ce dernier tait chicani re, puisquil disposait de tous les documents utiles et connaissait parfaitement le fonctionnement de la soci t .
Lassembl e g n rale du 3 juin 2020 s tait tenue dans la forme crite selon les r gles applicables et ne serait pas report e.
Concernant la demande de renseignements et dinscription lordre du jour dun contr le sp cial, B__ SA se r f rait aux explications quelle avait fournies le 29 mai 2020.
o. Le 18 juin 2020, A__ a fait remarquer B__ SA que le proc s-verbal de lassembl e g n rale du 3 juin 2020 quil avait re u ne faisait pas mention de ses demandes de renseignements, des r ponses donn es et des d clarations dont il avait demand linscription, ce qui tait contraire aux exigences de lart. 702 al. 2 CO.
p. Le 25 juin 2020, B__ SA a r pondu que ces questions avaient d j fait lobjet d changes crits de sorte quil ny avait pas lieu de les mentionner au proc s-verbal.
B. a. Le 3 septembre 2020, A__ a d pos la Cour de justice une requ te en institution dun contr le sp cial au sens de lart. 697b CO, concluant ce que la Cour nomme un expert ind pendant charg de r aliser un contr le sp cial au sein de B__ SA concernant laugmentation des honoraires dadministrateurs et le lien entre B__ SA et I__ SA, avec suite de frais et d pens.
Les questions poser lexpert taient les suivantes :
a) Existe-t-il de justes motifs lappui de laugmentation de plus de 50% des honoraires dadministrateurs entre 2018 et 2019 ?
b) D terminer si la hausse de la r mun ration des administrateurs correspond la norme en la mati re au regard de lensemble des circonstances.
c) Dans quelle proportion les honoraires dadministrateurs ont-ils t augment s, par administrateur, entre 2018 et 2019 ?
d) Quels sont les administrateurs qui re oivent un salaire en sus de leurs honoraires et dans quelle mesure ?
e) D terminer, en cas dhonoraires dadministrateurs excessifs, leur quotit .
f) D terminer si B__ SA dispose de fonds propres appropri s au regard de lart. 23 LEFin.
g) D terminer si des liens, notamment contractuels, existent entre B__ SA et I__ SA.
h) D terminer sil y a un transfert dactivit vers I__ SA au d triment de B__ SA.
i) D terminer sil existe un risque dactivit concurrente de I__ SA ou de conflit dint r ts de leurs administrateurs au d triment de B__ SA.
j) Lors de la r alisation du contr le, le contr leur sp cial a-t-il constat dautres faits importants en lien avec laugmentation des honoraires dadministrateurs ou avec I__ SA ? Le cas ch ant, lesquels ? Formuler toutes observation utiles y relatives ?
A__ a fait valoir que le conseil dadministration de B__ SA navait pas soumis sa proposition de contr le sp cial au vote de lassembl e g n rale, ce qui quivalait un refus dudit contr le sp cial par celle-ci, lequel ouvrait lacc s au juge. Les honoraires dadministrateur avaient augment de 53% en 2019 alors quil y avait un administrateur de moins (3 au lieu de 4); ces honoraires repr sentaient 26% du chiffre daffaires de B__ SA en 2019. Cette situation tait en contradiction avec la perte en 2019, laquelle tait plus de cinq fois sup rieure celle de 2018. Laugmentation des honoraires ne correspondait pas la norme, contrairement aux affirmations de B__ SA car le d ficit dune soci t ne devait normalement pas tre augment par un accroissement des honoraires dadministrateurs. Cette situation n tait pas non plus conforme l volution constatable depuis les ann es 2000 puisque quentre 2016 et 2018 le montant des honoraires dadministrateurs avait constamment baiss . Cette situation "donnait lapparence dun versement de dividende dissimul de lordre dau moins 134132 fr. (...), ce qui tait contraire aux int r ts de la soci t et lui faisait courir un risque sagissant du montant de ses fonds propres". Laugmentation des honoraires tait disproportionn e par rapport la contre-prestation fournie par les administrateurs et la situation conomique de la soci t . Elle privait en outre A__ de son droit un dividende.
Il tait par ailleurs vraisemblable que I__ SA exer ait une activit concurrente B__ SA et cette derni re avait refus de r pondre ses questions sur ce point. Les administrateurs violaient vraisemblablement leur devoir de loyaut envers B__ SA en exer ant dautres mandats dadministrateurs pour une soci t concurrente.
b. Le 25 septembre 2020, B__ SA a conclu lirrecevabilit de la requ te de A__ et son rejet, avec suite de frais et d pens.
A__ navait pas dint r t agir car il connaissait parfaitement le syst me de r mun ration des administrateurs auquel il avait particip pendant deux ans et il savait que laugmentation des honoraires en 2019 tait proportionnelle laugmentation du chiffre daffaires de chaque administrateur. La charge salariale de la soci t avait augment en raison de lengagement de nouveaux employ s. Toutes les r ponses aux questions de A__ lui avaient t fournies. A__ avait lui-m me toujours exploit une autre soci t de gestion de fortune pendant quil tait administrateur de B__ SA. La requ te de contr le sp cial, form e un jour avant la tenue de lassembl e g n rale tait tardive. Aucune violation de la loi ou des statuts provoquant un dommage pour A__ ou la soci t navait t rendue vraisemblable. Les honoraires dadministrateurs taient fond s sur des contre-prestations appropri es, savoir le chiffre daffaires g n r par chacun deux. Le fait que le chiffre daffaires de B__ SA avait augment attestait du fait que ses clients n taient pas transf r s I__ SA. B__ SA navait au demeurant jamais vers de dividende ses actionnaires.
c. Les parties ont r pliqu et dupliqu , persistant dans leurs conclusions.
d. Elles ont t inform es le 27 octobre 2020 de ce que la cause tait gard e juger.
EN DROIT 1. La Chambre civile de la Cour de justice est comp tente pour statuer en instance cantonale unique sur la d signation dun contr leur sp cial en vertu de lart. 697b CO, soit en cas de refus de lassembl e g n rale dinstituer un tel contr le (art. 5 al. 1 let. g CPC; art. 120 al. 1 let. a LOJ).
2. La proc dure sommaire sapplique linstitution dun contr le sp cial de la soci t anonyme (art. 250 let. c ch. 8 CPC).
3. 3.1.1 Tout actionnaire peut proposer lassembl e g n rale linstitution dun contr le sp cial afin d lucider des faits d termin s, si cela est n cessaire lexercice de ses droits et sil a d j us de son droit d tre renseign ou consulter les pi ces (art. 697a al. 1 et 2 CO). Si lassembl e g n rale ne donne pas suite la proposition, des actionnaires repr sentant 10% au moins du capital-actions ou des actions dune valeur nominale de 2 millions de francs peuvent, dans les trois mois, demander au juge la d signation dun contr leur sp cial (art. 697b al. 1 CO).
Avant de demander le contr le sp cial, lactionnaire doit sefforcer dobtenir les informations quil souhaite en faisant valoir son droit aux renseignements et la consultation des livres et de la correspondance, tel quil est pr vu par lart. 697 CO (ATF 133 III 133 consid. 3.2; 123 III 261 consid. 3a).
Avant de sadresser au juge, lactionnaire doit proposer lassembl e g n rale linstitution dun contr le sp cial. Il nest pas n cessaire que ce point soit port lordre du jour (art. 700 al. 3 CO). Le conseil dadministration a lobligation de soumettre la proposition au vote de lassembl e g n rale; sil sy refuse, son attitude quivaut un refus de lassembl e g n rale elle-m me et lactionnaire pourra sadresser au juge (arr t du Tribunal f d ral 4A_648/2011 du 4 avril 2012 consid. 3.1;ATF 138 III 246 consid. 3.3).
Pour que le juge institue le contr le sp cial, il faut que le requ rant rende vraisemblable que des organes ont viol la loi ou les statuts et quils ont ainsi caus un pr judice la soci t ou aux actionnaires (art. 697b al. 2 CO). En exigeant du demandeur quil rende vraisemblable une violation de la loi ou des statuts, le l gislateur a montr tout dabord quil nexigeait pas que lactionnaire apporte d j des preuves, ce qui r duirait excessivement les possibilit s dobtenir une telle mesure et para trait m me contradictoire, puisque le contr le sp cial tend pr cis ment fournir des preuves; dun autre c t , le l gislateur a indiqu , en exigeant quune vraisemblance soit tablie, quil ne suffit pas que lactionnaire ne fasse quaffirmer ou soup onner, sans aucun indice s rieux, pour entra ner une mesure aussi lourde que le contr le sp cial qui instaure un climat de m fiance lint rieur de la soci t . Le requ rant doit rendre vraisemblable que le comportement ou lomission des organes a viol une disposition l gale ou statutaire pr cise en indiquant en quoi consiste cette violation (arr ts du Tribunal f d ral 4A_648/2011 du 4 avril 2012 consid. 3.1; 4A_215/2010 du 27 juillet 2010 consid. 3.1.3).
Le contr le sp cial doit r pondre un int r t actuel et digne de protection; il ne peut donc pas porter sur des faits d j connus. Il doit avoir pour objet des informations utiles pour permettre lactionnaire dexercer ses droits, en particulier dintenter une action en responsabilit contre les organes sociaux. Le contr le sp cial doit tendre tablir des faits d termin s, et non pas obtenir des appr ciations ou des jugements de valeur; il nest pas admissible de demander un examen des fins purement exploratoires dans lespoir de d couvrir des irr gularit s dont le requ rant ne sait rien (arr ts du Tribunal f d ral 4A_648/2011 du 4 avril 2012 consid. 3.1; 4A_215/2010 du 27 juillet 2010 consid. 3.1.3).
Linopportunit de la gestion effectu e ne constitue pas une violation de la loi ou des statuts, au vu de la grande marge dappr ciation dont dispose le conseil dadministration (pauli pedrazzini, Commentaire romand, n. 12 et ss ad art. 697b CO; weber, Berner Kommentar, n. 6 ad art. 697b CO).
Selon larticle 697g CO, si le juge agr e la requ te tendant d signer un contr leur sp cial, il met lavance et les frais charge de la soci t . Si des circonstances particuli res le justifient, il peut mettre tout ou partie des frais charge des requ rants.
3.1.2 Selon lart. 678 al. 1 CO, les actionnaires et les membres du conseil dadministration qui ont per u ind ment et de mauvaise foi des dividendes, des tanti mes, dautres parts de b n fice ou des int r ts intercalaires sont tenus restitution.
Ils sont galement tenus de restituer les autres prestations de la soci t qui sont en disproportion vidente avec leur contre-prestation et la situation conomique de la soci t (art. 678 al. 2 CO).
Cette norme tend principalement la protection des fonds propres de la soci t dans lint r t des cr anciers et des actionnaires minoritaires, ainsi quau respect de l galit de traitement entre les actionnaires. Elle vise aussi prot ger la bonne foi des b n ficiaires de distributions par la soci t (Chenaux/ Gachet, Commentaire romand, n. 2 ad art. 678 CO).
Un salaire excessif conc d lactionnaire ou ladministrateur dans le cadre des rapports de travail peut constituer un dividende cach au sens de lart. 678 CO. La jurisprudence reconna t toutefois une libert dappr ciation tendue la soci t dans la fixation du traitement des actionnaires ou des administrateurs. Une r mun ration lev e ne permet pas en soi de conclure une distribution occulte de b n fices. Il est souvent difficile de d terminer ce quest un salaire conforme au march . Les salaires doivent donc tre appr ci s de cas en cas, la lumi re de lensemble des circonstances relatives la politique salariale de lentreprise, la situation financi re de la soci t , la position et aux comp tences du b n ficiaire, ainsi quaux r mun rations vers es aux salari s de rang quivalent (Chenaux/ Gachet, op. cit., n. 46 ad art. 678 CO).
3.1.3 Selon lart. 717 al. 1 CO, les membres du conseil dadministration, de m me que les tiers qui soccupent de la gestion, exercent leurs attributions avec toute la diligence n cessaire et veillent fid lement aux int r ts de la soci t . Ils doivent traiter de la m me mani re les actionnaires qui se trouvent dans la m me situation (art. 717 al. 2 CO).
Le devoir de fid lit instaur par lart. 717 al. 1 CO impose des obligations dans le cadre de la gestion des conflits dint r ts et de la pr vention de ceux-ci. Il inclut par ailleurs le devoir de discr tion l gard des tiers propos de toute information confidentielle et un devoir de loyaut l gard de la soci t (Peter/ Cavadini, Commentaire romand, n. 10 ad art. 717 CO).
En ce qui concerne la concurrence, le droit de la SA ne pr voit pas explicitement dobligation de non-concurrence charge des organes. La doctrine est toutefois davis que les "personnes charg es de la gestion" sont indiscutablement soumises une telle obligation. Afin d viter tout malentendu, il est recommand de fixer clairement les limites de lobligation de non-concurrence dans le r glement dorganisation. Si un danger de conflit dint r ts existe, le devoir de fid lit impose que la personne concern e prenne les mesures n cessaires pour sassurer que les int r ts de la soci t ont t pris en consid ration comme il convient (Peter/ Cavadini, op. cit., n. 12 et 13 ad art. 717 CO).
3.2 En lesp ce, le requ rant a, le 19 mai 2020, sollicit de la part de la cit e des renseignements sur laugmentation des honoraires dadministrateurs pour 2019 et sur les liens entre la cit e et I__ SA, pr cisant que, sous r serve des r ponses qui lui seraient fournies, il sollicitait linscription de linstitution dun contr le sp cial lordre du jour de lassembl e g n rale du 3 juin 2020.
Le 29 mai 2020, la cit e a fourni des renseignements au requ rant et celui-ci lui a fait savoir le 2 juin 2020 que ceux-ci n taient pas suffisants, de sorte quil confirmait sa demande dinscription lordre du jour dun contr le sp cial.
Les administrateurs de la cit e ont cependant refus de soumettre cette proposition au vote de lassembl e g n rale.
La cit e justifie ce refus par le fait que la demande dinscription du contr le sp cial lordre du jour lui est parvenue apr s la tenue de lassembl e g n rale. Tel nest cependant pas le cas, puisquil ressort des pi ces produites que la demande de vote sur le contr le a t adress e par courriel lintim e le 2 juin 2020, soit un jour avant la tenue de lassembl e g n rale pr vue pour le 3 juin 2020.
La cit e savait de plus depuis le 19 mai 2020 que le requ rant sollicitait linscription lordre du jour dun contr le sp cial, de sorte quelle avait la possibilit de prendre les dispositions n cessaires pour que cette demande puisse tre soumise au vote lors de lassembl e g n rale du 3 juin 2020.
Elle ne la cependant pas fait, de sorte quil convient de retenir quelle a refus de soumettre la proposition de contr le sp cial au vote de lassembl e g n rale, ce qui, selon la jurisprudence, quivaut un refus dudit contr le et ouvre la voie au juge.
Il est par ailleurs tabli que le requ rant repr sente au moins 10% du capital-actions de la cit e, de sorte quil convient dentrer en mati re sur le fond de sa requ te tendant linstitution dun contr le sp cial de la cit e.
En lesp ce, le requ rant dispose dinformations suffisantes sur la r mun ration des administrateurs entre 2018 et 2019 de par la lecture des tats financiers de la soci t et de par les indications qui lui ont t fournies le 29 mai 2020. Cela est dautant plus vrai que le requ rant, qui tait lui-m me administrateur de la cit e jusquen 2018, conna t la politique de r mun ration des administrateurs de la cit e.
Ces informations lui ont dailleurs permis de formuler des all gations tr s pr cises dans sa requ te sur la quotit et l volution de ladite r mun ration.
En r alit , sur ce point, sa requ te de contr le sp cial ne vise pas obtenir des renseignements mais faire constater une violation de ses obligations par la cit e en relation avec ladite r mun ration. De telles constatations exc dent cependant le cadre admissible du contr le sp cial, lequel ne peut tendre obtenir des appr ciations ou des jugements de valeur.
Aucun contr le sp cial ne peut d s lors tre ordonn pour savoir si laugmentation de la r mun ration des administrateurs est fond e sur de justes motifs, si elle correspond la norme et quelle serait la quotit de r mun ration admissible (questions a, b et e). Les informations dont dispose d j le requ rant concernant la proportion daugmentation de la r mun ration des administrateurs et le montant des salaires (questions c et d) sont quant elles suffisantes pour lui permettre dexercer ses droits dactionnaire de sorte quil ne sera pas fait droit sa demande sur ce point.
La question f) portant sur le montant des fonds propres de la cit e au regard de lart. 23 LEFin na quant elle pas fait lobjet dune demande de renseignements pr alable, de sorte que le contr le sp cial ne peut pas porter sur ce point. En tout tat de cause, le montant des fonds propres de la cit e ressort de ses tats financiers.
La situation se pr sente diff remment en ce qui concerne les liens entre B__ SA et I__ SA.
En effet, la cit e na fourni aucune r ponse aux questions du requ rant sur ce point alors que, contrairement ce quelle soutient, il a un int r t l gitime obtenir les renseignements quil requiert.
Selon la doctrine, les personnes charg es de la gestion dune soci t sont tenues une obligation de non-concurrence envers celle-ci. Le devoir de fid lit des administrateurs implique galement quils prennent toutes les mesures n cessaires pour prot ger les int r ts de la soci t en cas de conflit dint r ts potentiel.
In casu, tous les administrateurs de la cit e, savoir E__, F__ et G__, sont galement administrateurs de I__ SA, soci t cr e apr s que le requ rant ait quitt ses fonctions aupr s de la cit e, et qui a le m me but social et le m me si ge que cette derni re.
La fondation de cette soci t appara t tre en lien avec le conflit qui oppose les parties. La cit e a dailleurs express ment admis dans ses critures que I__ SA avait t constitu e pour permettre daccueillir de nouveaux gestionnaires de fortune, ce qui tait devenu impossible pour elle en raison du fait que le requ rant refusait de c der ses parts.
A cela sajoute que laugmentation de la perte subie par la soci t en 2019, laquelle para t provenir de laugmentation cons quente de ses charges, alors m me que son chiffre daffaires a volu la hausse, permet de retenir, au stade de la vraisemblance, quil est possible que les animateurs de la cit e entendent vider celle-ci de sa substance et transf rer une partie de son activit I__ SA. Lexistence dun conflit entre actionnaires pourrait vraisemblablement tre le motif lorigine de cet tat de fait.
Il ressort de ce qui pr c de que le requ rant a rendu vraisemblable un risque de conflit dint r ts pour les administrateurs de la cit e en lien avec la fondation, en d cembre 2019, de I__ SA. Il aurait d s lors incomb la cit e de fournir au requ rant des indications pr cises sur les mesures prises pour sassurer que les int r ts de la cit e taient, dans ce cadre, d ment pris en consid ration.
Or elle nen a rien fait. Le fait que les informations requises soient en lien avec une soci t tierce nest, contrairement ce quelle pr tend, pas un motif justificatif puisque le conflit dint r ts est susceptible de se concr tiser au d triment des activit s commerciales de la cit e. Celle-ci nexplique dailleurs pas concr tement en quoi cet l ment lemp cherait de r pondre aux interrogations du requ rant.
Le seul fait que le requ rant ait galement exerc une activit de gestion de fortune au sein dune autre soci t alors quil tait administrateur de la cit e est quant lui d nu de pertinence dans le cadre du pr sent litige.
Enfin, laugmentation du chiffre daffaires de la cit e pour 2019 n tablit pas quil nexiste aucun risque de transfert dactivit au profit de I__ SA puisque celle-ci na t fond e quen d cembre 2019.
Une ventuelle violation de leurs obligations de fid lit par les administrateurs de la cit e est en outre susceptible de causer un dommage au requ rant puisquil existe un risque que, en cas de transfert dactivit vers I__ SA, la cit e soit appauvrie et que les actions du requ rant perdent de leur valeur.
Il r sulte de ce qui pr c de quil se justifie de nommer un expert ind pendant charg de r pondre aux questions g) et h) du requ rant concernant les liens contractuels entre B__ SA et I__ SA, ainsi quun ventuel transfert dactivit de la premi re la seconde.
Par contre, il ny a pas lieu de poser lexpert la question i), dans la mesure o les notions "dactivit concurrente" ou de "conflit dint r ts" impliquent des jugements de valeur qui ne sont pas de la comp tence de lexpert.
Enfin, la question j) doit galement tre cart e, car elle nest pas suffisamment pr cise.
Il ressort de ce qui pr c de que la requ te est partiellement fond e.
La Cour nommera d s lors un contr leur sp cial en la personne de C__, Associ de la fiduciaire D__ SA et lui confiera la mission de r pondre aux questions g) et h) pos es par le requ rant.
Conform ment larticle 697g CO, les frais du contr leur seront mis la charge de la partie cit e.
Celle-ci sera dores et d j condamn e verser C__ une premi re avance de 10000 fr.
Le contr leur sera autoris solliciter de la partie cit e des provisions r guli res tant et aussi longtemps que son mandat naura pas pris fin.
4. Selon lart. 106 al. 1 CPC, les frais sont mis la charge de la partie succombante. Lorsquaucune des parties nobtient enti rement gain de cause, les frais sont r partis selon le sort de la cause (art. 106 al. 2 CPC).
En lesp ce, le requ rant nobtient que partiellement gain de cause, de sorte quil se justifie de r partir les frais judiciaires par moiti entre les parties.
Lesdits frais seront arr t s 2000 fr. (art. 26 RTFMC) et compens s avec lavance fournie par le requ rant, acquise lEtat de Gen ve (art 111 al. 1 CPC).
La cit e sera condamn e verser 1000 fr. au requ rant au titre des frais judiciaires.
Compte tenu de lissue du litige, chacune des parties gardera sa charge ses propres d pens.
* * * * * < PAR CES MOTIFS, La Chambre civile Statuant par voie de proc dure sommaire :
1. Admet la requ te tendant la d signation dun contr leur sp cial form e par A__ le 3 septembre 2020.
2. Nomme en qualit de contr leur sp cial de B__ SA :
Monsieur C__, Associ de la fiduciaire D__ SA, __ [GE].
3. Dit que le contr leur sp cial aura la mission de r pondre aux questions suivantes :
a) D terminer si des liens, notamment contractuels, existent entre B__ SA et I__ SA.
b) D terminer sil y a un transfert dactivit vers I__ SA au d triment de B__ SA.
4. Condamne B__ SA supporter les frais et honoraires du contr leur sp cial.
5. Condamne B__ SA verser au contr leur sp cial une provision en 10000 fr. d s le prononc du pr sent jugement.
6. Autorise le contr leur sp cial ne pas se mettre en oeuvre avant le versement en ses mains de lavance initiale de ses frais et honoraires.
7. Autorise dores et d j le contr leur sp cial solliciter directement de B__ SA toute avance compl mentaire n cessaire la couverture des frais et honoraires de son activit , au fur et mesure de laccomplissement de celle-ci.
8. Met charge des parties raison dune moiti chacune les frais judiciaires, arr t s 2000 fr. et compens s avec lavance vers e par A__, acquise lEtat de Gen ve.
Condamne B__ SA verser 1000 fr. A__ au titre des frais judiciaires.
9. Dit quil nest pas allou de d pens.
10. D boute les parties de toutes autres conclusions.
Si geant :
Monsieur Laurent RIEBEN, pr sident; Monsieur Patrick CHENAUX,
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Indication des voies de recours :
Conform ment aux art. 72 ss de la loi f d rale sur le Tribunal f d ral du 17 juin 2005 (LTF; RS 173.110 ), le pr sent arr t peut tre port dans les trente jours qui suivent sa notification avec exp dition compl te (art. 100 al. 1 LTF) par-devant le Tribunal f d ral par la voie du recours en mati re civile.
Le recours doit tre adress au Tribunal f d ral, 1000 Lausanne 14.
Valeur litigieuse des conclusions p cuniaires au sens de la LTF sup rieure ou gale 30000 fr.
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Bitte beachten Sie, dass keinen Anspruch auf Aktualität/Richtigkeit/Formatierung und/oder Vollständigkeit besteht und somit jegliche Gewährleistung entfällt. Die Original-Entscheide können Sie unter dem jeweiligen Gericht bestellen oder entnehmen.
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